Les Khassaides de Serigne Touba
Par abus de langage, nous commettons l’amalgame entre « qaçida» qui fait référence à l’unité de prose et « qaçayid » qui est le pluriel de « qaçida ».
Ainsi nous parlons de « moufrad » lorsqu’il s’agit d’un poème, de « mou sannaa » lorsq’il en s’agit de deux, et de « jam’u » pour plusieurs poèmes. Un « jam’u » devrait correspondre dans la littérature française au Recueil de poèmes.
Comme toute littérature, la classification de ces termes obeit à une métrologie définie. Pour pouvoir dire que nous avons un « qaçida », il faut que ce dernier soit constitué de 7 vers. Pour moins que cela on dira que ce sont des « abiaat » (pluriel de « beyit »).
A cette définition superficielle du mot, nous allons confronter celle de CHEIKH AHMADOU BAMBA, fondateur du Mouridisme, qui dit un jour à un de ses talibés, en se référant à l’acrostiche du mot en arabe : QAF signifie « QIRA ATOUL QUR’AN » pour dire méditer sur le coran ÇAAD signifie « ÇALAATOU ‘ALA ‘NABI » c'est-à-dire prier sur le Prophète (PSL) ALIF pour dire « I’LAMOU » retenez ALIF encore pour «ANNALLAHA WAAHIDOUNE » que DIEU est unique DEEL pour dire « DOUMOU ‘ALA ZAALIKA » faites-en un viatique
Une recommandation qui devrait donner : MEDITER SUR LE CORAN, PRIER SUR LE PROPHETE (PSL), ATTESTER L’UNICITE DIVINE, VOILA UN VIATIQUE POUR VOUS.
Nombre de «Qaçaa id » écrits par Serigne TOUBA peuvent être répartis entre des MADH et des ÇALAAT qui renvoient respectivement à RACONTER L’EPOPEE DU PROPHETE, et à PRIER EFFECTIVEMENT SUR LE PROPHETE.
Néanmoins, en plus de ces composantes, nous comptons d’autres types de qaçaa id qui parlent de l’Unicité de DIEU, mais aussi qui relatent les Grâces et Bienfaits décernés au Cheikh par LE TOUT PUISSANT suite à son dévouement à la cause du prophète dont le couronnement a été l’attribution du grade de « KHADIMOU RASSOUL », (le Serviteur du Prophète PSL).
IMPORTANCE DES QAÇAA ID DANS LA TARÎQA MOURIDE
Il faut dire qu’elle se mesure à la grandeur du Cheikh. En effet, le Cheikh disait à leur propos : « Comme miracle, je ne retiens que mes Qaçaa id ».
A chaque mouvement, on associe un emblème, un hymne, un slogan etc… le Mouride ou l’Aspirant s’est engagé à l’adoration exclusive et inconditionnelle de DIEU. Et Serigne TOUBA affirme avoir légué à ces talibés trois références principales pour leur salut. Et ces choses sont les suivantes :
- La Grande mosquée : pour laquelle il précise que toute personne qui se distinguera dans sa construction et sa rénovation restera personne phare dans cette vie et dans l’au-delà.
- Sa descendance : qui constitue selon lui la Voie de la Droiture pour tous les Mourides. Ils sont exempts de toute perdition et est bienheureux celui qui se cantonne à les suivre.
- Ses QAÇAA ID : objet de notre présent article, le Cheikh précise qu’ils sont ses traces et qui s’y attache arrivera assurément à lui.
Le Coran énonce : « Oh vous les croyants, priez donc sur le Prophète » et ceci est une prescription divine. En d’autres places, il dit «Et tu es certes, d’une moralité imminente. » et les érudits s’accordent au fait que toute chose qui permet au musulman de connaître et d’hériter de ces qualités exceptionnelles du Prophète fait alors partie des prescriptions divines, salutaires pour le musulman dans cette vie et dans l’au-delà.
Voilà l’esprit dans lequel, le Cheikh s’est attaché à versifier sur le Prophète et recommande fermement aux talibés de s’attacher à cette tradition.
TYPOLOGIE DES QAÇAA ID ET LEUR VOCATION
Cheikh Ahmadou Bamba a écrit sur de nombreux thèmes parmi lesquels nous pouvons citer :
- Ceux orientés vers les prescriptions obligatoires à tout musulman : les cinq piliers et leur accomplissement
- les louanges au Prophète (PSL)
- l’unicité divine : des écrits consacrés donc uniquement à renforcer le croyant dans l’esseulement de l'entité divine.
- le récit de l’épopée du Prophète MOHAMED (PSL) et des Compagnons : on appelle cette catégorie les « MADH ».
- la gratitude et la reconnaissance envers DIEU : dans ces écrits, le cheikh versifie sa profonde reconnaissance pour les bienfaits que LE TOUT PUISSANT lui a accordés.
Etc….
Mais retenons que le Cheikh a écrit sur tout ce qui peut être utile ou profitable à tout être vivant, particulièrement aux musulmans, pour lesquels il dit : « Si ce n’était pour revivifier le Coran, et la Sunna, et être le serviteur de tout musulman, je n’aurais passé une seule nuit sur terre »
STYLES D’ECRITURES
Comme style d’écriture, nous trouvons :
- le « Bahru Rajaz » : plus utilisé par le Cheikh
- le « Bahru Kamil »
- le « Waafir »
- Le « Baçît » etc.…
Et d’autres styles qui n’ont pas de nom, c'est-à-dire non répertoriés dans la littérature arabe, comme celui avec lequel il a écrit « jaawartu ».
CROYANCES SPIRITUELLES DERRIERE LES QAÇAA ID (bienfaits)
En tant que Mouride, la véracité des bienfaits attribués aux qaçaa id n’est pas posée car tout notre attachement au Cheikh est reflété sur ces derniers. Et d’aucuns disent dans la littérature française que la grandeur d’un homme se mesure à celle de sa plume.
Mais si nous devions nous référer à la tradition prophétique « Sunna », il est un HADITH où le Prophète dit : « add du’aa ou silaa houl moumine », la prière est l’arme du croyant
En d’autres endroits, le Prophète dit aussi
« Tawassalou bi djaahi fa inna djaahi ‘aziimoune ‘indalahi » lorsque vous priez, recherchez les grâces de Dieu de par mon nom car mon aura est très estimée de DIEU.
Donc quelque soit les croyances sous-tendues derrière les QAÇAA ID, retenons juste que rien n’est impossible à obtenir lorsque cela est recherché en priant sur le Prophète.
AUTHENTICITE ET QUANTIFICATION DES QAÇIDAS
Authenticité
Nous ouvrons cette parenthèse juste pour que toute possibilité d’équivoque soit levée sur l’authenticité des écrits du cheikh.
Aujourd’hui, nous devons principalement à Serigne Massamba MBACKE (frère du cheikh) et à Serigne Amzatou DIAKHATE toute la transcription des écrits du Cheikh. Pourquoi ? Parce que Serigne Amzatou a été le scribe attitré du cheikh durant l’Exil en Mauritanie.
Le cheikh avait pour habitude de dissoudre ses écrits dans de l’eau et d’en boire la mixture après avoir demandé à Serigne Amzatou de recopier ces derniers. En outre, nous tenons de la bouche de certains grands disciples qu’il était pratiquement impossible pour quiconque de relire, voire de retranscrire les écrits du Cheikh lorsqu’il diffusait ces derniers à l’exception de Serigne Massamba Mbacké. Et au questionnement des talibés, Serigne TOUBA rétorquait alors, que ce sont les QAÇAA ID qui ont demandé à DIEU de n’être retranscris que par ce dernier. En outre, Serigne TOUBA précise dans ses écrits que c’est de la Tablette Sacrée « AL LAWHOUL MAHFOUZ » que Je tire mon inspiration.
Quant au style, sachons que même dans la littérature française, que nous connaissons, chaque style d’écriture n’est rattaché qu’a un seul courant littéraire et n’aura pour fondateur inégalable qu’une seule personne. C’est de là que, la plume d’un Baudelaire ou d’un Voltaire ne saurait être confondue à quelque échelle que ce soit…… Donc si cela est vérifiable à notre niveau, simples mortels, qu’en est il des Elus de DIEU.
Quantification
SERIGNE ABOUL AHAD Mbacké, 3ème Khalif de Serigne TOUBA a dit : «Si nous voulions en remplir un camion à dix (10) barils, ce serait tâche facile »
Serigne FALLOU MBACKE 2ème Khalif a précisé : « Si nous devions en charger sept dromadaires, il auraient du mal à tenir ». Et DIEU sait que les dromadaires peuvent supporter au moins une tonne de charge. Ce ne sont là que des métaphores, pour donner au lecteur une idée de la multiplicité des écrits du Cheikh.
C’est un peu comme quand le Coran fait allusion à une valeur innombrable, Il le caractérise simplement en disant « des milliers... », Traduit en arabe par « alfun ».
Mais l’on ne saurait donner une valeur exacte à ces écrits car il y’a des Qaçidas que le Cheikh a mis en terre, d’autres qu’il a laissés en mer, et d’autres qu’il a préféré ingérer par dissolution dans de l’eau, parce que, jugeant parfois que ces écrits ne concernent que sa relation propre vis-à-vis de son Créateur.
CONFIDENCES
La prestance de chaque QAÇIDA dépend de la station dans laquelle le Cheikh l’a écrit. Mais retenez que l’élite des QAÇAA ID constitue le butin du retour d’Exil et tous leurs pairs ayant suivi ce périple.
D’ailleurs le Cheikh y fait allusion quand il considère que les écrits précédant l’Exil n’ont pas été agrées.
C’est une façon de parler, car MAFATIHUL BICHRI précède l’exil et pourtant on en dit que quiconque l’apprend constitue la rédemption de toute personne qu’il croise. Quant à « SINDÎDI », il constitue une protection inébranlable contre ses ennemis, et ce dernier a vu le jour avant l’exil du cheikh...
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